Psychose disproportionnée
Avez-vous entendu, il y a peu, le ministre Dominique Bussereau proclamer que la " "psychose" concernant la grippe aviaire était "complètement disproportionnée" " ? N'y a-t-il pas là une belle maladresse qui, comme toutes les maladresses, est lourde de sens ?
Parler de psychose, c'est déjà dire suffisamment la disproportion entre une prétendue réalité et la réaction qu'elle suscite. Evoquer une "psychose complètement disproportionnée" c'est faire dans le pléonasme d'une manière tellement disproportionnée qu'on ne peut pas ne pas se demander jusqu'à quel point il ne s'agirait pas d'une projection ?
De fait, quand, après le scandale de la vache folle, la consommation de boeuf baisse de 20 ou de 30%, quand, dans la crainte de la grippe aviaire, la consommation de volaille baisse de 20%, les politiques et les responsables de tous poils parlent de psychose, alors que, franchement, quoi de plus rationnel que de s'abstenir de consommer un produit susceptible d'entraîner des risques vitaux mal évalués ? A l'évidence, la psychose est du côté des politiques qui en parlent. Mais pourquoi cela ? Pourquoi en venir à ce concept ?
Accuser l'autre de folie est une vigoureuse prétention à détenir la vérité, une prétention à se tenir dans la réalité. C'est donc une prétention à guider la foule qui, sans cela, pourrait errer dangereusement. On conçoit que les politiques veuillent guider le bon peuple dans la bonne direction, mais pourquoi ce registre ? Pourquoi s'adresser non au bon peuple mais à son inquiétante transfiguration, la foule qui, comme chacun sait, est folle ?
Aucun élément de l'actualité ne permet de comprendre cela. Une psychogénéalogie du corps politique est ici nécessaire. Deux cents ans suffiront. Rappelons-nous en effet que la République a succédé à l'Ancien Régime. Elle en a donc "hérité". Les hommes qui se sont retrouvés en position de pouvoir, à la place du "roi", ont fatalement hérité de sa peur à l'égard des masses, toujours capables des pires extrêmités. Autrement dit, l'homme politique, qu'il en soit conscient ou non, est porteur d'une angoisse de perte de contrôle vis-à-vis du peuple. Une angoisse de castration pourrait-on dire, même si ce n'est pas le même "bout" qui est concerné.
La psychologie des foules est née de la révolution. Elle a engendrée la psychologie sociale dont les mouvements fascites ont très vite perçu l'intérêt. Même si la preuve en fut sinistre, c'est peu de dire que cette dernière a montré son efficace. Dès lors, qu'attendent les politiques actuels pour se mettre à la psychologie ? Cela leur éviterait de parler de psychose à l'égard d'un comportement tout à fait rationnel. Ils éviteraient de se projeter à tout bout de champ. Ils pourraient enfin apaiser leurs angoisses et peut-être nous éviter de plonger dans une de ces "folies à deux" entre un dirigeant et son peuple dont l'histoire, comme l'enfer est pavée. A moins que ce ne soit le contraire ?
Parler de psychose, c'est déjà dire suffisamment la disproportion entre une prétendue réalité et la réaction qu'elle suscite. Evoquer une "psychose complètement disproportionnée" c'est faire dans le pléonasme d'une manière tellement disproportionnée qu'on ne peut pas ne pas se demander jusqu'à quel point il ne s'agirait pas d'une projection ?
De fait, quand, après le scandale de la vache folle, la consommation de boeuf baisse de 20 ou de 30%, quand, dans la crainte de la grippe aviaire, la consommation de volaille baisse de 20%, les politiques et les responsables de tous poils parlent de psychose, alors que, franchement, quoi de plus rationnel que de s'abstenir de consommer un produit susceptible d'entraîner des risques vitaux mal évalués ? A l'évidence, la psychose est du côté des politiques qui en parlent. Mais pourquoi cela ? Pourquoi en venir à ce concept ?
Accuser l'autre de folie est une vigoureuse prétention à détenir la vérité, une prétention à se tenir dans la réalité. C'est donc une prétention à guider la foule qui, sans cela, pourrait errer dangereusement. On conçoit que les politiques veuillent guider le bon peuple dans la bonne direction, mais pourquoi ce registre ? Pourquoi s'adresser non au bon peuple mais à son inquiétante transfiguration, la foule qui, comme chacun sait, est folle ?
Aucun élément de l'actualité ne permet de comprendre cela. Une psychogénéalogie du corps politique est ici nécessaire. Deux cents ans suffiront. Rappelons-nous en effet que la République a succédé à l'Ancien Régime. Elle en a donc "hérité". Les hommes qui se sont retrouvés en position de pouvoir, à la place du "roi", ont fatalement hérité de sa peur à l'égard des masses, toujours capables des pires extrêmités. Autrement dit, l'homme politique, qu'il en soit conscient ou non, est porteur d'une angoisse de perte de contrôle vis-à-vis du peuple. Une angoisse de castration pourrait-on dire, même si ce n'est pas le même "bout" qui est concerné.
La psychologie des foules est née de la révolution. Elle a engendrée la psychologie sociale dont les mouvements fascites ont très vite perçu l'intérêt. Même si la preuve en fut sinistre, c'est peu de dire que cette dernière a montré son efficace. Dès lors, qu'attendent les politiques actuels pour se mettre à la psychologie ? Cela leur éviterait de parler de psychose à l'égard d'un comportement tout à fait rationnel. Ils éviteraient de se projeter à tout bout de champ. Ils pourraient enfin apaiser leurs angoisses et peut-être nous éviter de plonger dans une de ces "folies à deux" entre un dirigeant et son peuple dont l'histoire, comme l'enfer est pavée. A moins que ce ne soit le contraire ?
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