Les attentats du 11-Septembre 2001 ont eu un impact dévastateur sur la géopolitique mondiale comme sur les sociétés occidentales. Les guerres en Afghanistan et en Irak, les atteintes aux libertés individuelles des citoyens états-uniens ou européens, tout cela n’aurait probablement pas été possible sans cette catastrophe. Le mandat de Bush se termine sans que la version officielle de ces événements ait été remise en question malgré les efforts continus des truthers. Il y aurait matière à se décourager et toutes raisons de craindre que la persistance du mythe nous rapproche encore davantage de l’Apocalypse. Il conviendrait pourtant de voir que ces événements, précisément parce qu’ils perpétuent une logique sacrificielle que l’humanité a cultivée depuis ses origines, nous offrent une occasion unique de révéler à tous et, partant, d’invalider définitivement le mécanisme du « bouc émissaire » sur lequel le monde actuel repose encore. La possibilité d’un changement radical n’a donc jamais été aussi grande. Tous les espoirs sont permis car, grâce à internet et au web social, le peuple soumis à la propagande médiatique a enfin véritablement droit à la parole. Il ne reste plus qu’à trouver le moyen pour que cette parole s’exprime de manière souveraine et fasse taire pour toujours le mensonge d’une paix bâtie sur la violence sacrificielle.
«
Je pense qu’il y aura des révolutions spirituelles et intellectuelles dans un futur proche. Ce dont je parle maintenant semble complètement fou et, pourtant, je pense que le 11-Septembre ne va cesser de gagner en signification ».
René Girard, 2008, p. 29
Vers le « grand jour » ?
Qui n’a jamais vibré à l’idée d’un « grand soir », ce moment sacré où l’on sent que la foule ou le mouvement populaire avec lequel on fait corps est sur le point de renverser l’ordre établi ?
Après un XIXe révolutionnaire et passablement affolant pour les gouvernements de tous bords, l’éducation au XXe siècle a cultivé en chacun de nous un individualisme très rassurant pour les puissances de ce monde en général, les grands groupes marchands en particulier. Nous avons appris avec Hollywood à cultiver l’idée que seuls les héros changent le monde et nous sommes devenus de plus en plus méfiants vis-à-vis des mouvements collectifs, des illusions qu’ils véhiculent trop souvent et de la barbarie dans laquelle ils peuvent parfois verser, contrairement à nos démocraties toujours moralement impeccables puisque supposées protectrices des libertés individuelles. Pour le citoyen consumériste formaté par les médias, le « grand soir » n’est plus que le rêve passéiste de quelques révolutionnaires égarés. Quelle erreur !
Dans ce qui suit, je vais essayer de montrer pourquoi, depuis le 11-Septembre et, plus exactement, à cause de lui, les circonstances n’ont, paradoxalement, jamais été aussi favorables à une contestation radicale de l’ordre établi et à l’avènement du « grand soir », ou peut-être devrais-je dire, du « grand jour ».
En effet, au cours du XXe, le grand soir a souvent été un prélude à la nuit, le rêve a souvent tourné au cauchemar. Le grand jour semble préférable car il traduit l’idée d’un éveil, d’une sortie de l’illusion et du mensonge, d’une venue à la lumière. Dans l’Apocalypse, le grand jour est celui où Dieu exprime sa colère, mais si nous suivons le vieil adage « vox populi, vox dei » nous pouvons aussi considérer que voix du peuple = voix de Dieu, de sorte que le « grand jour » est alors celui où la voix du peuple peut enfin prévaloir. Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas de dénigrer l’élan populaire des révolutions passées, mais plutôt de s’inscrire dans la continuité de ce qu’il avait de juste, de nécessaire et de sain pour, précisément, l’accomplir et venir, enfin, au grand jour.
À chacun de rêver ce dernier comme il le souhaite. La richesse des possibles n’est jamais un problème, si l’on reste disponible à ce qui se présente. Or, tout porte à penser que la possibilité d’un tel événement va grandissante car, ainsi que j’essaierai de le montrer, des foules innombrables n’attendent probablement qu’une occasion pour se mobiliser.
Que manque-t-il pour qu’elles le fassent ? Quelle forme pourrait prendre ce qui enclenchera le processus de cristallisation d’une opinion encore silencieuse, mais qui n’en pense pas moins ? C’est la question qui sera traitée dans l’article à suivre. Une réponse sera proposée qui devrait permettre à chacun de comprendre comment il peut aisément se mobiliser pour contribuer à l’avènement du grand jour.
Si la paix, la justice et la vérité ont la moindre valeur pour vous qui lisez ces lignes, sachez que vous êtes invités à l’action. Ça commence maintenant, par la prise de conscience du pouvoir qui est entre vos mains et qui, pour produire ses effets, a seulement besoin d’être exercé dans une solidarité que les foules intelligentes du web social ou du peer-to-peer peuvent mettre en acte de manière fulgurante. Un autre monde est réellement possible.
Le 11-Septembre est une opportunité
Comment le 11-Septembre pourrait-il favoriser l’avènement du grand jour ? Comment ce désastre qui est à l’origine de conflits internationaux, d’une guerre de cent ans contre le terrorisme et d’une restriction significative des libertés individuelles pourrait-il être regardé comme une opportunité ?
Pour la raison très simple que le 11-Septembre a amené le pouvoir politico-médiatique états-unien (mais aussi européen) à fournir un tel effort de propagande et de désinformation qu’il s’est en quelque sorte « exposé » et s’en trouve, à présent, fragilisé.
Cette « exposition » vient, en premier lieu, de ce que le pouvoir a lui-même donné la meilleure publicité à un acte qui a été indéniablement conçu pour être spectaculaire. Ensuite, dans l’accomplissement des attentats comme dans l’interprétation qu’il en a faite, ce pouvoir a laissé des traces, de nombreuses traces. Des actes, tout d’abord, des manquements ensuite, des mensonges et, peut-être le plus parlant, des silences inexplicables et inexpliqués sur une multitude de points cruciaux vis-à-vis desquels le public attendait et attend toujours des réponses. Ainsi, nous avons là un pouvoir qui ploie sous la charge de ses incohérences et de ses contradictions.
La chose n’est pas nouvelle me direz-vous, mais ce qui est nouveau et qui n’avait probablement pas été prévu, c’est que cette charge ne s’allégera pas, comme à l’accoutumée, en se perdant dans les brumes de la désinformation et de l’oubli. Nous avons enfin, avec le web, un média « grand public » qui a de la mémoire et qui pense en toute liberté, indépendamment des lobbies et autres groupes de pressions. Le formidable travail accompli durant toutes ces années par les
truthers qui questionnent la version officielle est exactement ce dont nous avions besoin. Les mensonges des uns, les incohérences ou les silences complices des autres, ont été archivés, analysés et mis en ligne grâce à l’action diligente et bénévole d’une armée de volontaires soutenus financièrement par le public, mais surtout par des mécènes très impliqués comme
Jimmy Walter.
Grâce à eux, chacun de nous peut à présent visionner en toute liberté et jusqu’à la nausée une vertigineuse somme d’informations dont la cohérence fait terriblement sens alors qu’elle aurait été censée se perdre dans le flux ininterrompu et subtilement désorganisé des nouvelles et des dépêches qui nous submergent jour après jour. Cet accès direct et instantané du citoyen à une documentation solide est un obstacle qui peut faire trébucher l’establishment politico-médiatique car, sur un nombre incalculable de points, ce dernier est incapable de répondre de manière cohérente aux questions qui lui sont adressées, non seulement par les familles des victimes, mais aussi par tous ceux qui savent qu’être citoyen c’est, avant toute chose, demander des comptes aux gouvernants.
C’est cela qui nous a permis de parvenir au point de bascule où nous nous trouvons à présent. Nous avons donc, avec le web, un puissant levier qui, joint au solide point d’appui qu’offre le 11-Septembre - en tant que monstrueux cas de terrorisme d’État - devrait permettre de renverser ces murailles millénaires de mensonges grâce auxquelles les peuples ont toujours été canalisés et dépossédés de leur pouvoir. Ainsi, un peu comme au judo, ce sera probablement l’intensité de l’effort fourni par l’adversaire qui permettra de le faire basculer, pour autant qu’on lui oppose, en temps et en lieu, ce qu’il faut de résistance.
Si l’incapacité du gouvernement américain à répondre aux questions légitimes qui lui sont posées devenait un fait établi, par exemple, grâce à un tribunal international, l’immoralité de sa violence serait reconnue et la guerre éternelle au terrorisme perdrait toute légitimité car nous pourrions la reconnaître pour ce qu’elle est : une manipulation. Tel est précisément l’objectif des truthers. Sa réalisation est la condition sine qua non du changement espéré. Et quel changement se serait !
En effet, si le gouvernement américain devait reconnaître avoir conçu et mis en œuvre les attaques du 11-Septembre afin de légitimer l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, le monde vivrait une véritable révolution dont,
William Blum, bien que n’évoquant pas le 11-Septembre, nous donne une petite idée dans un chapitre intitulé
Libérer le monde à mort :
« Si j’étais le président, je pourrais stopper les attaques terroristes contre les États-Unis en quelques jours. Définitivement. Je demanderais d’abord pardon, publiquement et en toute sincérité, à toutes les veuves et tous les orphelins, à tous les torturés, à tous les appauvris et à tous les millions d’autres victimes de l’impérialisme américain. Puis j’annoncerais que les interventions américaines à l’échelle mondiale sont terminées - y compris les atroces bombardements. J’informerais Israël qu’il n’est plus le 51e État de l’Union, mais, assez bizarrement, un État étranger. Je réduirais ensuite le budget militaire d’au moins 90 % et j’utiliserais les économies pour payer des réparations aux victimes et restaurer les dommages occasionnés par les nombreux bombardements et invasions américains. Il y aurait plus d’argent qu’il n’en faut [...] C’est ce que je ferais durant mes trois premiers jours à la Maison-Blanche. Le quatrième jour, je serais assassiné. » (Freeing the world to death), p. 96. tr. auct.
La reconnaissance de l’implication du pouvoir états-unien dans les attentats du 11-Septembre aurait probablement une ampleur plus importante encore car ce qui est en jeu, c’est une tradition de violence, qui remonte aux origines de l’humanité et dont on peut penser que ces événements constituent le sommet, l’aboutissement et, peut-être, osons l’espérer, le terme.
Le mécanisme sacrificiel
Selon l’anthropologue René Girard, les sociétés humaines seraient, depuis la nuit des temps, fondées sur un mécanisme sacrificiel qui aurait permis d’assurer la cohésion du groupe en canalisant sa violence contre une victime, accusée de tous les maux, et dont l’immolation rituelle ramènerait la paix dans le groupe, pour autant que le mécanisme en question reste méconnu et que personne ne reconnaisse un « bouc émissaire ».
Nous sommes les dignes héritiers de ces sociétés sacrificielles au sens où nous sommes tout autant portés à ces consensus accusateurs. La seule différence, mais elle est de taille, c’est que nous avons progressivement acquis la capacité à reconnaître l’existence de boucs émissaires, c’est-à-dire de victimes chargées d’une culpabilité qui n’est pas la leur dans le but de réconcilier le groupe. Cette capacité est précisément ce qui fait dérailler le processus sacrificiel car, en reconnaissant l’accusé comme victime, en n’acceptant pas l’accusation dont il fait l’objet et, en étant, en quelque sorte, témoins de son innocence, nous empêchons le consensus de se former. Lorsque l’accusation n’est pas unanime, lorsque certains se solidarisent avec la victime, la violence ne peut plus être expulsée par la mise à mort, elle reste dans le groupe. Le mécanisme sacrificiel ne peut s’accomplir et les accusés nous apparaissent alors pour ce qu’ils sont, des victimes, des boucs émissaires destinés à rassembler ou à mobiliser une communauté en détournant son attention des véritables coupables.
Par exemple, l’historien
Tacite raconte qu’en l’an 64 de notre ère, pour se défendre de la rumeur qui le rendait responsable de l’
incendie de Rome, l’empereur Néron aurait accusé les chrétiens qui ont alors été suppliciés par la population. À l’heure actuelle, nous reconnaissons aisément ces chrétiens comme les boucs émissaires de Néron et des Romains parce que nous n’adhérons pas aux accusations portées contre ce qui était alors une secte détestée «
pour ses abominations... [et sa] ... haine pour le genre humain. »
Par contre, lorsque notre capacité de reconnaissance des boucs émissaires est prise en défaut, nous participons à une accusation qui nous semble légitime, parce que unanime. Dans ce cas, le mécanisme sacrificiel fonctionne comme il l’a toujours fait.
Prenons le cas des terroristes tchétchènes qui, en septembre 1999, ont fait successivement exploser une dizaine d’appartements dans Moscou et sa banlieue, occasionnant plus de 300 morts. À quelques exceptions près, le peuple russe a été tout à fait unanime et s’est lancé dans une « chasse aux Caucasiens » dans les rues de Moscou. Poutine a pu engager la deuxième guerre de Tchétchénie avec la brutalité que l’on sait et se faire élire président dans la foulée. Il est assez évident qu’ici le mécanisme a fonctionné à fond parce que tout le monde y a cru. Ne sommes-nous pas tous prompts à juger le terrorisme islamique détestable « pour ses abominations... [et sa] ... haine pour le genre humain » ?
Si vous n’y croyez pas, alors, verrez-vous là sans doute, encore une fois, des boucs émissaires. Vous n’auriez pas complètement tort car, en définitive, aucun élément de preuve démontrant l’implication des terroristes tchétchènes n’a pu être présenté. L’accusation est seulement venue du pouvoir et le peuple a suivi comme un seul homme ou presque. Cela paraît d’autant plus orwellien que Felshtinsky &
Litvinenko indiquent dans leur livre
Blowing up Russia que le seul attentat qui ait pu être déjoué dans la nuit du 22 septembre à
Ryazan avait pour auteurs les services secrets russes, le FSB (ex-KGB).
Afin que personne ne se méprenne, je m’empresse d’indiquer que je ne souhaite pas, avec cet exemple, mettre la Russie en accusation, pas plus qu’avec cet article je ne souhaite mettre les États-Unis en accusation. Ce que j’essaie d’exprimer, c’est notre besoin universel d’une vérité qui ne pourra émerger que d’un consensus sur une histoire où chacun viendra tenir sa place, de bourreau ou de victime. Sous ce rapport, je crois sincèrement que les Européens n’ont de leçon à donner à personne et ont encore à assumer une histoire de violence sur laquelle, à l’exception du peuple allemand, ils ont tendance à fermer les yeux. Pour qui voudrait les ouvrir, sous le rapport du terrorisme d’État européen, je recommande la lecture de l’excellent livre de Daniel Glaser : «
Les Armées secrètes de l’Otan ».
En définitive, tout dépend de notre capacité à sortir du cercle des accusateurs pour nous mettre à la place de l’accusé et comprendre sa situation. Selon que nous serons ou non avec l’accusation, nous verrons des dangereux criminels ou, au contraire, des boucs émissaires.
Pour les chrétiens martyrisés, les juifs, les sorcières, l’
efficience de l’histoire a déjà permis que nous sortions tous ou presque du cercle des accusateurs. Par contre, les immigrés, les « jeunes des banlieues », les chômeurs et autres « assistés » sont encore des coupables « tout trouvés » vis-à-vis desquels le nécessaire travail de distanciation ou de dépassement des préjugés n’a pas été accompli.
Renverser l’ordre établi, c’est mettre fin à ce cercle vicieux de la violence qui, depuis la nuit des temps, engendre la paix qui a besoin de la violence. Refuser cette fabrique perverse du lien social est probablement le seul moyen de sortir de la barbarie dans laquelle nous nous enfonçons.
Cela devient possible à présent parce que l’attention du monde entier a été polarisée par le 11-Septembre. Si sa signification passe, aux yeux de l’opinion publique internationale, d’un complot Al-Qaïda à un complot Bush & cie, tous verront alors la puissance hypnotique qu’un tel événement a pu avoir sur eux et, ainsi qu’il est bien connu, « un homme averti en vaut deux ». Chacun sera à l’avenir porté à reconnaître ce procédé dans les multiples formes qu’il est susceptible de prendre au niveau politique. Nulle conspiration ne passera plus lorsque nous serons tous des adeptes de la « théorie du complot ».
Le fait que nous ayons à faire sens de quelque chose qui est vieux comme le monde et qu’en définitive nous connaissons déjà très bien ne doit pas nous décevoir. Cela montre seulement que l’ordre ancien doit encore être aboli. La nouveauté, c’est que nous en avons enfin le pouvoir, nous nous trouvons clairement à un moment charnière de l’histoire. Car chacun sait dorénavant tout ce qu’il faut savoir. Il ne nous reste plus qu’à le reconnaître et à agir, c’est-à-dire, mettre nos actes en conformité avec nos convictions, pour faire œuvre révolutionnaire.
En effet, ce qui pourra précipiter la chute des puissances de ce monde et mettre au grand jour le système d’accusations mensongères au travers duquel sont « fabriqués » les ennemis nécessaires pour manipuler et contrôler les masses, jusqu’à les faire consentir à la guerre et au massacre des innocents, ce n’est pas
un élu à la Néo ou une « dream team » de fantastiques super héros. Anéantir la matrice du mensonge dans laquelle nous vivons ne peut se réaliser sans les obscurs citoyens que nous sommes pour la bonne raison que cette matrice, c’est nous qui l’entretenons.
Ce sont les masses qui sont les véritables sources du pouvoir et c’est pourquoi les puissances de ce monde veillent à ce qu’elles soient constamment placées sous l’influence des médias. La matrice se délitera quand chacun s’en désolidarisera en affirmant son refus de voir ces violences accomplies en son nom. L’acte que chacun doit accomplir s’il ne veut plus contribuer à la matrice, c’est en sortir. Cela, personne ne peut le faire à notre place.
Vaincre la peur du ridicule
Rien ne peut mieux éclairer la situation présente que le vieux conte d’Andersen
Les Habits neufs de l’empereur. Cette belle
histoire raconte comment deux escrocs jouant de la peur du ridicule et de la tendance moutonnière des humains réussirent à faire croire un énorme mensonge à tout un peuple. Ils prétendaient tisser une toile incroyable de finesse que les sots ou les incapables ne voyaient pas. Pris tour à tour dans la peur du ridicule, le roi, puis ses conseillers et enfin le peuple tout entier en vinrent à faire semblant d’admirer des habits merveilleux sans pouvoir avouer qu’ils ne les voyaient pas, de peur de passer pour des sots ou des incapables. Tous étaient convaincus de l’existence de ce tissu, puisqu’ils croyaient que tous les autres le voyaient. Lors du défilé de l’empereur dans les rues, un enfant, innocent et, donc, étranger à la peur du ridicule, s’exclama « l’empereur n’a pas d’habits ! » Son père pris sa défense, affirmant qu’il ne pouvait mentir et, très vite, la foule se mit à chuchoter puis à s’exclamer que l’empereur n’avait effectivement pas d’habits. Ce dernier comprit que son peuple avait raison, mais il continua de faire semblant, pour sauver les apparences.
Il y a ici un parallèle à faire avec la situation actuelle. Il est, je crois, assez évident : une large part de la population a connaissance de nombreux faits qui falsifient complètement la version officielle et permettent d’accepter cette chose énorme : « le roi est nu », autrement dit, les attentats du 11-Septembre sont «
Made in USA ».
Mais il y a aussi une différence qui saute aux yeux : hormis le cyberespace, le grand public forme une majorité silencieuse. Les prises de conscience s’opèrent dans le for intérieur de chacun et ne sont exposées qu’a minima, même dans la sphère privée. La raison en est que l’espace public est actuellement dominé par la représentation mensongère assénée par les médias du pouvoir, de sorte que chacun tend à se croire plus ou moins seul à penser ce qu’il pense. Chacun craint donc de se voir discrédité, ridiculisé ou rejeté par un entourage dont le silence ou le désintérêt lui semblent une preuve de soumission aux médias en question.
Nous sommes tous concernés par cette peur et, cela, de manière variable en fonction de notre statut social. Les journalistes, les politiques, mais aussi tous ceux qui font profession de respectabilité, comme les universitaires, sont, de loin, les plus exposés. Cette pression qui s’exerce sur l’individu lorsqu’il est « en vue » explique l’étonnant contraste entre, d’une part, le silence observé dans la sphère publique « officielle » sur la question du 11-Septembre et, d’autre part, la formidable agitation autour de cette dernière dans les commentaires des lecteurs de la presse alignée comme dans le web social en général.
Quoi qu’il en soit, tout se passe comme si, contrairement au conte d’Andersen, les « cris » des
truthers n’avaient pas (encore ?) réussi à délier les langues. La rumeur qui enfle sur le web social semble insuffisamment audible dans la sphère publique pour amener quelques politiques ou journalistes courageux à prendre le relais, et ce, malgré des avancées marquantes comme le débat qui a récemment eu lieu
au Parlement européen. Le poids du silence médiatique est ici tellement lourd qu’on doit raisonnablement se demander s’il est encore possible de changer l’état des choses.
Cette question, un peu désespérée et désespérante,
Jimmy Walter se l’est posée. Alors qu’il a initié et formidablement soutenu le mouvement des
truthers pendant de longues années, il a répondu, à regrets, par la négative.
Selon lui, en effet, la plupart des gouvernements et des médias connaissent parfaitement la vérité, mais nul ne bougera, « pas même Hugo Chavez du Venezuela, l’Iran ou les médias de gauche ». Les mouvements protestataires sont évoqués a minima ou carrément ignorés par les médias de sorte qu’il n’y aurait plus d’espoir et qu’il ne resterait plus qu’à « faire preuve de compassion pour les proches qui souffrent encore [du 11-Septembre] et se préparer pour les désastres à venir. Car ils ne vont pas abandonner ou s’arrêter là. »
En même temps qu’il écrivait cela, Jimmy Walter a indiqué son retrait du mouvement des truthers. J’imagine que, parmi ces derniers, plus d’un a dû se sentir orphelin et quelque peu perplexe. Tous ces efforts pour informer auraient-il été accomplis en vain ? N’y a-t-il donc pas moyen de vaincre la censure et la démonisation dont fait l’objet la question du 11-Septembre ? Devons-nous nous résigner à l’idée qu’hormis le web, les espaces de liberté de pensée ne relèvent plus que de la sphère privée ?
Pour ma part, je ne le crois pas. La chape de plomb médiatique peut sûrement être renversée, mais, sans forcément changer de stratégie, il nous faudra trouver une nouvelle tactique. Une nouvelle pierre doit être apportée à l’édifice des truthers pour qu’il puisse enfin atteindre la sphère publique des médias « officiels ». Dans l’article à suivre je ferai une proposition en ce sens. Il devrait apparaître, sans surprise, que la solution est entre nos mains. Sa réalisation dépend de chacun de nous, elle dépend de vous, lecteurs, et de votre pleine conscience que le moment d’agir, c’est maintenant ou jamais, avant qu’un nouveau désastre (économique ou guerrier) ne se présente.