Le blog d'EDUCAPSY
Libres chroniques de "la matrice" d'un point de vue psychologique. L'écriture s'en tient au premier jet. Pertinence, précision, concision & vitesse. Telle est la visée. Le ton polémique est délibéré car "le combat est père et roi de tout" (Héraclite).
Saturday, September 24, 2005
Sunday, September 18, 2005
Tenir un blog a-t-il une fonction d'auto-thérapie ?
En quoi un blog peut-il avoir une fonction d’auto-thérapie ? Je prends cette question d’autant plus au sérieux que je viens juste de démarrer mon premier blog et j’ai considéré cela comme un heureux « passage à l’acte », un progrès significatif dans le dépassement de mes tendances velléitaires et procrastinatrices. Bref, je me sens concerné et pour sûr, je me range dans la catégorie des blogueurs qui font dans l’auto-thérapie. Maintenant, pour ce qui est de comprendre en quoi tenir un blog peut servir une telle fonction, on peut avancer, me semble-t-il, plusieurs hypothèses qui n’épuiseront sans doute pas le sujet mais permettront néanmoins de cadrer quelque peu la problématique.
La première devrait renvoyer à la fonction stabilisatrice et ordonnatrice de l’écrit affirmée, par exemple, dans l’effet thérapeutique bien connu d’un journal qui, tenu quotidiennement, nous amène à porter une plus grande attention à notre vécu, nous pousse à l’ordonner, à le rendre plus cohérent et davantage chargé de sens. Tenir un journal ou un blog peut ainsi nous donner le sentiment d’un meilleur contrôle sur notre vie et si quelque chose est thérapeutique, c’est bien cela.
La seconde hypothèse pourrait concerner, me semble-t-il, l’impact du « miroir social » que constitue le cybermonde auquel le blogueur s’adresse en définitive, quelles que puissent être ses dénégations. Ce regard que les autres portent sur ce qui constitue une expression de soi, qu’il se dise au travers de commentaires ou qu’il reste silencieux, véhicule une certaine forme de validation sociale, une forme de reconnaissance qui vient alimenter le blogueur qui se sent ainsi exister, « en lien », bien plus qu’il ne le pourrait s’il engrammait simplement ses pensées sur quelques cahiers rangés dans un tiroir. Cette fonction de validation sociale de soi pourrait bien être considérée comme la forme généralisée, banalisée, j’ai envie de dire, sécularisée, de cette validation que procure la cure analytique dans l’espace de laquelle nous pouvons enfin « entendre » nos pensées parce que nous les prononçons pour un autre.
Enfin, une troisième hypothèse devrait, à mon sens, concerner, ce sentiment d’être agent, ou acteur, que procure le fait de prendre position, de s’affirmer dans un dire qui, ainsi que nous le rappelait Austin, est aussi un faire. D’où cette idée de « passage à l’acte » dont la valeur est encore accrue par la validation sociale précédemment évoquée. Nous nous sentons d’autant plus acteurs que nous nous savons en présence de spectateurs.
Comme on peut le constater, ces hypothèses relatives au « miroir social » nous font sortir de l’auto-thérapie au sens strict. Nous serions plutôt dans l’auto-hétéro-thérapie. Mais c’est plutôt une bonne chose. Je trouverais cela inquiétant s’il nous fallait croire aux aventures du Baron de Munchausen…